Mon hommage à Byron

 

 

Immortel Byron, qui en tendres mots me révélas

Les énigmes dont mon âme avait une telle faim,

En fier souverain parmi les bardes tu te mêlas,

Sondant les notes du triste clavier du cœur humain.

 

Lamartine a dit, devant toi s’étant agenouillé:

Combien « j’aime de tes concerts la sauvage harmonie,

Roi des chants immortels », qui n’es pas encor dépouillé

De cette couronne impériale de la poésie.

 

Que de centaines de tes vers si touchants je connais,

Gravés dans ma mémoire, encor beaucoup plus dans mon cœur ;

En mourant, si nul ne rend les pleurs que je te donnais,

Tes stances me seront comme du ciel une lueur.

 

Hélas ! n’as-tu pas payé trop cher ta suprématie ?

Par un baptême de pleurs, exil, mort prématurée ;

J’ai le poète bon vivant en grande antipathie

Par qui la seule sympathie factice est versée.

 

« Personne ne m’aime », ta plume à vingt ans écrivait :

« Mais ces épines viennent de l’arbre que j’ai planté ;

« Elles me déchirent, à me saigner l’on arrivait ;

« De pensées, mais non des leurs, je me suis occupé. »

 

Je m’étonne aussi que, de l’idéal désespérant,

Tu te marias sans amour, ou pour gagner des biens ;

Tu dis que ce fut « un grand besoin d’aimer t’enserrant ».

L’hymen nous saisit-il comme la gourme prend les chiens ?

 

Je veux donc me calmer en pensant aux amours brisés,

Toi-même, Byron, fus malheureux en ton mariage ;

Jeune, beau, poète, de tes maux tous sont avisés

Par tes vers trouvés mouillés de larmes sur chaque page.

 

Ton « Harold » dépassait tout remède anodin et bon,

Sur chaque corde du cœur mortel ta main s’est posée,

Comme David de Saül chassait loin l’âpre démon,

La fièvre de mon cœur par tes chants semble dissipée.

 

Toute la nature ta poésie appropriait,

Tu la fis vibrer en pure harmonie au cœur humain.

À glaner dans tes vastes champs si quelqu’un se fiait,

Il n’aurait que bien peu d’épis rejetés de ta main.

 

Sois mon maître, je suis ton esclave reconnaissant,

Car j’ai suivi tes pas, espérant sonder ton grand cœur,

Chaque note de ton luth, en moi un accord naissant,

Montre ton pouvoir magnétique, si plein de douceur.

 

 

 

Sir Tollemache SINCLAIR.

 

 

 

 

 

 

 

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