Le tombeau de la reine

 

 

Sombres caveaux des rois, splendides ossuaires,

Où les morts couronnés, dans leurs riches suaires,

Gardent quelques lambeaux du vain faste des cours ;

De fantômes royaux solitudes peuplées,

Tombeaux de marbre et d’or, orgueilleux mausolées,

Gardez, gardez vos morts dans vos sombres séjours.

 

Elle ne viendra pas, sous vos voûtes funèbres,

Dormir son long sommeil dans vos froides ténèbres

Jusqu’au jour radieux qui doit la réveiller.

Ce n’est pas près de vous, ombres encor royales,

Ce n’est pas sous les pieds de vastes cathédrales,

Ce n’est pas près de vous qu’elle vient sommeiller.

 

« Je veux aller là-bas, là-bas dans le village,

Près des pauvres aimés qui furent mon partage :

Ô Léopold, c’est là que je voudrais dormir »,

Dit-elle, en embrassant la main qui lui fut chère.

Dans ce dernier baiser se ferma sa paupière,

En ce dernier baiser fut son dernier soupir.

 

C’est ici, devant nous, dans une humble chapelle,

Élevée autrefois par une autre Isabelle

Que nous aimons encor d’un si pieux amour ;

C’est au pied de l’autel de la Vierge Marie,

C’est là que tomberont les pleurs de la patrie,

C’est là que notre Reine a choisi son séjour.

 

 

 

Adolphe SIRET.

 

 

Recueilli dans Anthologie belge, publiée sous le patronage du roi

par Amélie Struman-Picard et Godefroid Kurth,

professeur à l’Université de Liège, 1874.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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