Dans la brume de l’aube
Dans la brume de l’aube et d’un pas incertain,
J’allais vers de secrets et merveilleux rivages ;
L’aube le disputait aux dernières étoiles,
Tout sommeillait encore – et, livrée à ses songes,
L’âme offrait sa prière à des dieux ignorés.
Dans le jour blême et froid la route est solitaire
Où de nouveau j’avance aux contrées inconnues.
Le brouillard se déchire et l’œil voit clairement
Combien les monts sont hauts, et combien éloigné,
Combien confus encore est l’objet de mes rêves.
Et jusqu’à minuit, de mon pas incertain
Longtemps je marcherai vers ces rives aimées,
Vers ce sommet, là-bas, où sous d’autres étoiles,
Embrasé tout entier des feux de la victoire
M’attend depuis toujours mon temple consacré.
Vladimir Serguéiévitch SOLOVIEV.
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,
choix, traduction et commentaires de Jacques David,
Stock, 1947.