Voici la foule...
Voici la foule, encor, des ombres accablantes,
Ombres de traits perdus et larmes dépassées.
Devant l’Impénétrable à genoux nous tombons,
Vers l’instant sans retour nos pleurs coulent à flots.
Est-ce les morts qu’on pleure ? Oh ! non, eux reviendront !
C’est la minute unique à jamais disparue.
Rien ne peut nous la rendre et lentement succèdent
À son éternité les pesantes années.
Ou bien serait-ce un leurre ? Et le passé n’est-il
Qu’ombre de traits perdus et larmes dépassées ?
Devant l’Impénétrable à genoux nous tombons,
Vers l’Instant sans retour nos pleurs coulent à flots.
Vladimir Serguéiévitch SOLOVIEV.
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,
choix, traduction et commentaires de Jacques David,
Stock, 1947.