Sonnet
Que vous dit le ruisseau qui passe et qui murmure,
Lorsque votre œil poursuit son flot parmi les prés ?
Je crois que votre cœur a pris la même allure
Et qu’il chemine aussi des sentiers préférés ?
Avez-vous donc déjà ressenti la blessure
Dont souffrent tous les cœurs par la vie effleurés,
Et cherchez-vous au loin, dans toute la nature,
Un doux regard d’ami sous les cieux azurés ?
Car je crois que toute âme a ce rêve qui hante,
Toutes savent trouver, mystérieuse entente,
Des voix à des objets pour elles animés...
Que vous dit le ruisseau qui passe et qui murmure ?
Que peut dire à nos cœurs le chant de la nature ?
N’est-ce pas ces trois mots : croyez, priez, aimez !
M.-E. SOLVYNS.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.