« Si scires ! Si tu savais ! » (Joan. IV, 10.)
Auprès du cercueil désolé
La pauvre mère est sans parole
Et ne veut pas qu’on la console,
Car son ange s’est envolé.....
Priant, un soir, dans la chapelle
Où son trésor est enterré,
Elle entend quelqu’un qui l’appelle.
Serait-ce lui ?..... mon Désiré ?.....
Une voix chère à son oreille,
Écho de la céleste paix,
Murmura, touchante merveille :
– Ne pleure plus ! Si tu savais !
J’étais heureux sur terre, où, comblé de caresses,
Comme un enfant gâté ton amour me choyait.
Je goûte maintenant les célestes ivresses.
Ne pleure plus ! Si tu savais !
J’étais heureux sur terre, où ta main pure et bonne
Fleurissait le chemin qu’en riant je suivais,
Mais la main de Jésus a tressé ma couronne :
Ne pleure plus ! Si tu savais !
Va répéter à ceux que j’aime,
Va répéter à tous les miens
Qu’au ciel, au rendez-vous suprême,
La famille bientôt renouera ses liens.
Pour adoucir votre souffrance,
Dans vos cœurs je voudrais graver
Ces mots rayonnant d’espérance :
On se quitte un instant pour se mieux retrouver !
En achevant cette parole,
Plus douce qu’un rayon de miel,
L’enfant transfiguré s’envole :
Son doigt levé montrait le ciel.
Depuis, l’inconsolable mère,
Fidèle à l’austère devoir,
Trouve sa douleur moins amère,
Songeant à l’éternel revoir !
Gaston SORTAIS.
Paru dans Échos de Notre-Dame de France en 1912.