L’immortalité de l’âme

 

 

Pourquoi pleurer, Philène ? Essuie ces larmes

Qui baignent ton visage ; la tendre pression

D’une main amicale y imprime sa marque.

Et ne va pas surtout briser mon espérance,

Ou bien noyer ma joie dans le chagrin.

Tu crains que la main froide

De la mort, glaçant les membres débiles,

Dans les abîmes insondables du néant

Engloutisse corps et biens mon existence entière ?

Ma destinée est autre, et autre la promesse

De l’esprit qui vit en moi et qui m’anime,

Jamais la tombe hideuse

Ne saurait renfermer l’éclatante lumière

Qui, souveraine et pure, régit ce corps inerte...

Ne devines-tu donc pas en toi un sens

Sublime, plein de grandeur, qui semble

Prolonger ta vie au-delà de la mort ?

Prête l’oreille... écoute... De tous tes yeux regarde...

Il doit bien exister en toi aussi, je ne te trompe pas...

Que me dis-tu ? Tu me réponds que oui... Philène !

Ah, qu’il est doux le souvenir

De cette vie immortelle où, baigné

D’un plaisir ineffable, le juste peut jouir

De la majestueuse présence de son Dieu.

 

 

 

SOUZA CALDAS.

 

Recueilli dans La poésie du Brésil, anthologie du XVIe au XXe siècle,

choix, présentation et traduction de Max de Carvalho

en collaboration avec Magali de Carvalho et Françoise Beaucamp,

Éditions Chandeigne, 2012.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net