Que soupire la haie ?
Que soupire la haie ?
Que hurle dans les pins la bise du Nord ?
Que chuchote le ruisseau
Fuyant doucement au creux du vallon ?
Que dit le Soleil
Quand il passe en majesté
Au-dessus du Pôle ?
Quel espoir palpite
Dans le bouton de rose ?
Quel souhait innocent
Fait le lys du val
Et quel rêve, l’anémone ?
Que veut dire la roche
Qui se dresse là, sombre et menaçante ?
Nous voulons, nous rêvons, nous pleurons, nous disons :
Homme, réveille-toi de ta torpeur infâme !
Reviens-t’en au royaume où naquit toute vie.
Le monde des Idées ! Si tu peux y atteindre,
Séjour de l’ombre enfin vaincue par la lumière,
Délivrés comme toi nous t’accompagnerons.
Tu es à la matière enchaîné par toi-même.
Hélas ! Tel est aussi notre horrible destin.
Mais nous saurons te suivre où tu nous conduiras.
Oui, nous sommes soumis à une même Force.
Délivre-nous, tu seras libre !
Délivre-toi, tu nous libéreras !
Erik Johan STAGNELIUS.
Traduit du suédois par Jean-Clarence Lambert.
Recueilli dans Anthologie de la poésie suédoise, Seuil, 1971.