Les oiseaux migrateurs
Vois les oiseaux qui passent !
Pour la terre étrangère
Ils quittent à regret
Le rivage gothique.
Au murmure du vent
Ils ajoutent leur plainte.
« Où devons-nous aller ?
Où nous conduit ton ordre ? »
Ainsi s’adressent-ils à Dieu en s’envolant.
« Nous quittons inquiets
Le rocher Scandinave.
Là se firent nos jeux,
Là nous fûmes heureux ;
Dans les tilleuls en fleurs
Nous avions notre nid
Et le vent nous berçait
De ses senteurs légères.
Vers des cieux inconnus maintenant nous volons.
Dans les forêts d’été
Propice était la nuit
Avec ses boucles d’or.
Sa couronne de roses !
La douce nuit veillait –
Assoupis de bonheur,
Nous attendions l’aurore
Venant nous éveiller, sur son clair attelage.
Les arbres verts courbaient
Vers l’herbe leurs rameaux,
Versant la rosée fraîche
Sur la blanche églantine.
Le chêne est maintenant
Dépouillé, et la rose
Est flétrie. La tempête
A chassé les zéphyrs.
Le givre dans ses fleurs a pris le riant Mai.
Pourquoi rester encor
Dans le Nord quand le jour
Disparaît peu à peu,
Quand sombre le soleil ?
À quoi sert de gémir ?
C’est ici une tombe
Et Dieu nous a donné
Des ailes pour survivre
Et pour vous saluer, vagues de l’Océan ! »
Volant à tire-d’aile,
Les oiseaux le disaient...
Ils atteindront bientôt
Une terre plus belle
Où tremblent maints rameaux
À la cime des ormes,
Où les ruisseaux scintillent
Sous les branches de myrte,
Où la joie et l’espoir dans les bois se répondent.
Quand le bonheur terrestre
Cruellement te quitte,
Quand hurle le vent d’automne,
Ne pleure point, mon âme !
Une rive riante
Au-delà de la mer
Accueillera l’oiseau.
Au-delà de la tombe,
Il est une autre terre
Que dore de sa flamme une éternelle aurore.
Erik Johan STAGNELIUS.
Recueilli dans Anthologie de la poésie suédoise,
choix, traduction, introduction et notes
par Jean-Clarence Lambert, Seuil, 1971.