Avril

 

 

Avril passe en chantant sur nos prés pleins de fleurs ;

Les airs, pendant la nuit, s’emplissent des senteurs

Que le printemps renferme entre leurs frais pétales ;

Les pêchers colorés sous les regards des cieux

Lèvent avec orgueil leur front vert et joyeux ;

L’églantier courbe au vent ses tiges virginales.

 

La frêle violette, au calice embaumé,

Se penche en encensoir vers le gazon aimé

Qui la dérobe aux yeux dès qu’elle vient d’éclore ;

Et l’humble pâquerette, heureuse en l’admirant,

Recueille avec amour son souffle pénétrant,

Afin d’en parfumer sa corolle inodore.

 

Du sein de nos vieux murs s’envolent de doux cris...

Et lorsque Mai viendra sur nos champs réjouis

Poser en souriant leur plus belle couronne,

Chaque buisson fleuri sera mélodieux ;

Car tous renfermeront ces berceaux gracieux

Que l’oiseau, chaque année, en leurs bras emprisonne.

 

Tout semble heureux de vivre, et tout chante et tout rit,

Depuis l’oiseau léger qui rebâtit son nid

Jusqu’au grillon caché dans l’herbe fraîche et douce ;

Tout est joie et bonheur, le sable s’est doré,

L’eau fuit en murmurant, le gazon s’est paré,

Et l’insecte joyeux rôde au sein de la mousse.

 

Et que faisons-nous donc quand tout bénit le ciel,

Quand tout forme un seul chœur, quand la terre est l’autel

D’où s’élève vers Dieu l’encens et l’harmonie ?

Resterons-nous donc froids sans plier les genoux

Et sans dire au Seigneur : Seigneur, oh ! gloire à vous !

Gloire à vous, d’où provient tout bonheur, toute vie !

 

 

 

Louisa STAPPAERTS,

Œuvres poétiques, 1858.

 

 

 

 

 

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