Vous harcelez le ciel...
Vous harcelez le ciel, criardes hirondelles,
mêlant et démêlant vos jeux brisés du soir
et nous percez de vos poinçons à tire d’ailes...
Pour qui sont ces signaux aigus de désespoir
quand vous blessez l’azur, criardes hirondelles ?
Soir traversé d’oiseaux aux cris multipliés,
quels semblables appels aux nôtres, vers l’espace !
Quels doutes à nos cœurs seraient-ils donc liés ?
Mais les entendez-vous ces ferveurs en disgrâce,
Soir traversé d’oiseaux aux cris multipliés ?
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Au déchirant éclat des faulx dans la luzerne
tombe la vie et le poète est fils d’un Dieu
et souffre parce que l’univers le concerne
des parfums de l’espace aux saules d’argent bleu.
Il sait qu’il doit servir, humble, d’une voix pure,
les secrètes douleurs et les secrets plaisirs,
puis à l’heure suprême entendre la Nature
pleurer en lui le rossignol de ses désirs.
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Ô fragile gazelle en quête du danger,
ô notre âme fiévreuse, avide de tourmente,
que vous aimez sentir le mal vous ombrager,
et vous guettez avec une grâce charmante
l’errante passion de l’instinct fauve et sûr,
ainsi qu’on voit flotter, précurseur de l’orage,
sur les jardins poudrés d’étourdissant azur,
la neige suspendue et rose d’un nuage !...
André STIRLING.
Recueilli dans Anthologie de la Société
des poètes français, tome 1, 1947.