L’Assomption

 

 

Le jour s’est achevé, pourpre et tiède,

Mais tôt vers l’aube, avant que, recueillis,

Les prés n’aient communié de rosées,

La terre expira. Tout dort, tout repose.

Et moi j’ai couru, parmi l’aube froide,

Me tordant les mains, gémissant dans l’ombre,

Pour rendre au sol inanimé, sans voix

Le dernier devoir... un baiser d’amour.

Mes frères par la douleur, des essaims

De libellules et d’oiseaux m’escortent...

Le neigeux Héraut ouvre les bras...

Enfin, me voici, seule. Et prosternée.

Je n’entends point le lait battre en son sein !

Aux flancs féconds, je ne sens nulle force !

Hélas ! Tout est consommé. D’ici Pâques

Elle va dormir, drapée de brocart.

Le Créateur ravit l’âme des champs,

La garde en sa vaste Maison d’azur...

Mais j’ai versé sur leur cendre la myrrhe,

Des éternels printemps chantant le psaume.

 

 

 

L. STOLITSA.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,

choix, traduction et commentaires

de Jacques David, Stock, 1948.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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