La Vierge éternelle

 

 

Lorsqu’en l’éclat du malin, le front incliné, je prie,

Printanière et sans artifice, tu me regardes.

Les mains, sur la poitrine, en croix fervente s’entrelacent,

Et sous le lin tout palpitant les boucles se dérobent.

Le flot des psaumes vous berce, ô lèvres comme une grappe ;

Et voici, de rameaux d’or flambant, le jardin des lis,

Et le dessin lointain des monts, l’azur, la blanche église...

Très douce, elle descend du ciel, la Sainte Mariam,...

C’est la Vierge aux yeux bleus, elle s’approche de la terre...

Escorte aux ailes d’argent, un vol d’esprits l’accompagne,

Et ses chérubins de corps chantent sur leur chalumeau...

La voici, la Vierge de vos espoirs, la joie du monde !...

Ô fleur que rien ne flétrit ! Terre exempte du péché !

Mais pourquoi t’ignorons-nous, en nous couvrant de chagrins ?

Mais pourquoi t’oublions-nous, pur sourire féminin ?

Pourquoi le morne péché règne-t-il toujours, vainqueur ?

Le corps incliné, je vous prie, ô Boucles d’innocence,

Femme bénie et très sage, ô rends-la-moi, dis, ma joie !

 

 

 

L. STOLITSA.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,

choix, traduction et commentaires

de Jacques David, Stock, 1948.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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