Tableau de la Visitation
De là-bas, des palmiers lumineux, du ciel pur,
Vers ce coin de maison baigné de clair-obscur
Marie arrive, et, dans une charmante pose,
Avec son manteau bleu, sa svelte robe rose,
Son voile enveloppant, moins chaste que son front,
Elle monte, sans bruit, les marches du perron.
Élisabeth est là, sur le seuil de la porte,
Coiffée en blanc discret, vêtue en couleur morte.
Ses bras s’ouvrent à ceux qui berceront Jésus.
Sauf le bleu des lointains par le cintre aperçus,
Tout se recueille, ici, dans une ombre expectante :
Un seul point de clarté perce la nuit flottante,
Et fait un jour suave aux rayons attendris
Où le tableau se teint d’idéal coloris :
C’est votre virginal visage où tout se dore,
Marie, incomparable, étincelante Aurore !
Marie SUTTIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1893.