Étoile du soir
Sur le frais gazon
Flotte à l’horizon
La brume.
Au ciel déjà noir
L’étoile du soir
S’allume.
Comme un diamant
Au rayonnement
Splendide,
Tu verses tes feux
Dans les gouffres bleus
Du vide.
Es-tu le clou d’or
Qui soutient encor
Le temple ?
Es-tu le flambeau
Que l’amant du beau
Contemple ?
Pour te voir il faut
Que notre œil bien haut
S’élève.
Ne nous dis-tu pas :
– La vie ici-bas
Est brève ?
Dans le haut séjour
Étoile d’amour
Qu’on aime,
Vénus, dans le ciel
Mets ton immortel
Poème !
Étoile du soir,
Étoile d’espoir !
Ô flamme
Dont chaque lueur
Met une blancheur
Dans l’âme !
Symbole divin
Que déchiffre en vain
Le sage !
L’homme n’a qu’un jour ;
La terre est un court
Passage.
Et vers l’infini
Dont il est banni
Aspire
L’être chancelant
Qui passe et, tremblant,
Expire.
Problème ignoré !
Espoir adoré,
Fidèle,
Ta sœur est la foi,
Viens et conduis-moi
Près d’elle !
Hélène SWARTH.
Paru dans La Jeune Belgique en 1881.