Credo

 

 

Qu’a-t-on fait de votre auréole,

Ô mes pures divinités ?

Faut-il donc que mon cœur immole

Ses plus lumineuses clartés ?

 

Parce que des lèvres maudites

De leur baiser souillent l’Amour,

Au monceau des vaines redites

Faut-il le jeter sans retour ?

 

Parce que des pitres sans âme

Ont abaissé l’art, sans remord,

Au rang d’une besogne infâme,

Est-ce que l’Idéal est mort ?

 

Non ! la Foi n’est pas illusoire,

Malgré les misérables fous

Qui font du Calvaire une foire

Où l’on voit Jésus pour deux sous !

 

Il reste des amis sincères,

Quand même on trahit l’Amitié,

Et, malgré tant de faux ulcères,

Tu souris toujours, ô Pitié !

 

Qu’on veuille éteindre l’auréole

De mes plus saintes vérités,

– Qu’importe ! le Rêve console :

Je crois à toutes les clartés !

 

 

 

Georges SYLVAIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1891.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net