Les étoiles
Dans le bleu de la nuit, l’étoile fugitive
Voguait à l’horizon, voyageuse des cieux,
Vaisseau de cette mer qui jamais n’eut de rive,
Mouvement éternel d’atomes radieux.
Je la voyais briller, diamant plein de grâce,
Prêt pour un front de vierge ou quelque anneau royal,
Et poursuivre son cours, muette, dans l’espace,
Ignorant nos conflits pour le bien ou le mal.
Qu’importait à ses feux que notre terre souffre,
Que la guerre et la mort ravagent les humains ?
Elle semblait s’enfuir vers cet immense gouffre
Du mystère où le temps forge nos lendemains.
Étoiles de la nuit, astres d’or et de flamme,
Notre raison se perd dans votre infinité ;
Vous êtes des rayons, de vastes corps sans âme,
Et chacune, en brûlant, ignore sa beauté.
Pourtant, dans notre ciel vous gravez un symbole
Qui surpasse l’amour dans son sublime éclat.
« Soyez ! » Le Seigneur dit cette simple parole,
Et chaque soir vos feux répondent : « Nous voilà ! »
Marie SYLVIA, Vers le bien, 1945.