Hymne à la terre
Quand revient le printemps, tout d’espoir et d’amour,
Et que sous le ciel bleu verdissent les collines ;
Quand renaît la chanson des sources cristallines,
Et que la fleur s’éveille à la beauté du jour,
Je voudrais pénétrer le sublime mystère
D’où jaillit tant d’élan, de force et de grandeur ;
Je cherche dans ses dons la main du Créateur
Et la trouve cachée en l’œuvre de la terre.
Ô Terre ! quel pouvoir se concentre en ton sein !
Tu portes sur tes flancs l’immensité du monde ;
Le germe dans ta nuit s’anime, se féconde,
Et se soumet aux lois d’un merveilleux dessein.
Ton suc nourrit la feuille attachée à la branche,
Le calice embaumé d’où sort le fruit vermeil ;
Il gonfle l’épi d’or sous les feux du soleil,
Soutient l’arbre géant près du roseau qui penche.
C’est ta voix qui murmure au fond de nos forêts,
Et ton cœur qui palpite en la vague écumante ;
Ton courroux fait surgir l’orage et la tourmente,
Une sereine paix se mêle à tes attraits.
Terre d’humilité, poussière de nos tombes,
Rien ne saurait changer ton pouvoir éclatant ;
Toujours de tes hivers s’échappe le printemps,
Comme monte en l’azur un grand vol de colombes.
Marie SYLVIA, Reflets d’opales, 1945.