Le monde
J’ai toujours comparé le monde à la forêt,
Où tout ce qui gémit se mêle à ce qui chante,
Où croit l’arbre géant près de la frêle plante,
Où la Nature éclate et se rit de l’apprêt.
Sous le regard de Dieu, l’immensité des âmes
Se déroule et s’agite en un constant labeur.
La mort, triste faucheuse, et la vie en sa fleur
Répandent ici-bas les ombres et les flammes.
L’arôme et le poison, que le bien et le mal
Distillent à l’envi dans la sève et les tiges,
Font le calme bonheur et les ardents vertiges,
Les marais enfiévrés, les sources de cristal.
Le sage sait choisir les routes les plus belles ;
Il marche avec ardeur, dans la clarté du jour,
Avec la foi pour guide et le ciel pour amour,
Méditant la beauté des choses éternelles !
Marie SYLVIA, Reflets d’opales, 1945.