Au Christ crucifié

 

 

                                          SONNET.

 

 

    Pour t’aimer, ô mon Dieu, je ne suis excitée

Ni par le sentiment des biens que je te dois,

Ni par l’heureux destin que décide ton choix,

Ni par le sort affreux de l’âme rejetée.

 

    Ô mon Dieu, c’est pour toi que je t’aime, affectée

De l’état douloureux, hélas ! où je te vois :

Ton corps blessé, meurtri, raidi sur cette croix ;

Mon Sauveur expirant d’une mort tourmentée !

 

    Oui, ta chaîne, ô mon Dieu, me captive à ce point

Que mon cœur t’aimerait si le ciel n’était point,

Que sans craindre l’enfer je te craindrais de même.

 

    Nul but intéressé n’eût fait un tel amour :

S’il est vrai que ce cœur espère autant qu’il aime,

Il aimerait autant sans espoir de retour.

 

 

 

THÉRÈSE D’AVILA.

 

Recueilli dans Espagne poétique, choix de poésies castillanes

mises en vers français par Don Juan Maria Maury, 1832.

 

 

 

 

 

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