Bon gré mal gré

 

 

Qu’aurai-je voulu du dimanche

au gré des portements de croix

du balancier qui se déclenche

et de mon rêve à haute voix ?

 

Un pain gagné vaille que vaille

aux chaintres des champs défrichés

m’acquittera d’avoir triché

et trop dit poutre au lieu de paille.

 

Peut-être des soirs d’oraison

emmêlés aux soirs de panique

font-ils qu’un âne à coups de trique

parvienne jusqu’en Ta maison !

 

Sur l’étroit chemin de halage

pourquoi tant de soleils boiteux ?

Pourquoi la mort à petits feux

dans les bourbiers des marécages ?

 

Pourquoi l’entêtement des blés

et la délivrance des terres ?...

Mais tant de pauvres et de mères

à la même table assemblés !

 

Le printemps coupable des roses

le caillou brûlant de l’été

l’automne comptable des choses

l’hiver comme un miserere

 

saisons qui tressez mes poèmes !

 

À Toi Seigneur si tu les aimes

mes chansons des quatre jeudis

pour les enfants du paradis.

 

 

 

Charles THOMAS,

Aux plaines de mémoire,

Prix InterFrance de poésie,

Éditions du C.E.L.F., 1962.

 

 

 

 

 

 

 

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