Filigrane
Être l’arbre au bord de la nuit
quand la brise est la main légère
qui efface tout mon ennui
dans le matin à tire d’ailes.
Porter le monde à bout de bras
avec dans le cœur une épine...
et leurs yeux qui ne sauront pas
qu’en ce cœur l’aube prend racine.
Alors dans un pays amer
où meurent des milliers d’étoiles
au moins Seigneur pour une voile
être la route sur la mer.
L’admirable et souple écriture
des herbes dans les prés de mai
mon enfance qui désormais
te comptera bonne mesure
ma mère exacte à l’horizon !
Au recto le flanc de la plage
avec la barque et l’aviron
au verso le Christ aux outrages.
Entre le cœur et la raison
être la route et la maison
et l’oiseau libre dans sa cage.
Charles THOMAS,
Aux plaines de mémoire,
Prix InterFrance de poésie,
Éditions du C.E.L.F., 1962.