Anniversaire
Souvent, les yeux baissés, je regarde en mon âme,
Et c’est comme un immense et lamentable enclos.
J’y cherche les défunts, sans épuiser la gamme
Des poignantes douleurs et des rudes sanglots.
Des absents, je revois l’image ineffacée,
Mais leur âme, mon Dieu ! leur âme est-elle au port ?
La mienne, à ce penser, se soulève, angoissée.....
Seigneur, venez calmer ce douloureux transport.
Vous êtes le Pilote et le Maître sublime.
Votre divine main nous sauve de l’abîme.
Je crois, j’espère en vous !..... gardez-moi des remords
Et donnez-moi le ciel. Que m’importe la terre ?
Mon âme, n’est-ce pas la nécropole austère
Où, sans bruit, chaque soir, je viens pleurer nos morts ?
Élise TICHON, Les heures sereines.
Repris dans Échos de Notre-Dame de France en 1913.