Soir de Toussaint

 

 

Éclairant tout à coup forêt, château, chaumière,

Les saints, dont je chéris le jour plein de lumière,

Par les routes du ciel, ce matin sont venus :

À la messe, ils chantaient, je les ai reconnus.

 

Mais le soleil descend..... au vieux clocher de pierre,

Déjà le sombre glas gémit ; à ma paupière,

Il fait monter des pleurs trop longtemps retenus.

D’où viennent ces accents, hélas ! si bien connus ?

 

C’est la voix de nos morts ! C’est elle, j’en suis sûre :

L’archet de la douleur en rythme la mesure ;

Grave, elle retentit dans le soir solennel,

 

Et nous songeons, Seigneur, aux feux du Purgatoire.

Ah ! gardez nos défunts du gouffre expiatoire

Et donnez-leur, à tous, le repos éternel !

 

 

 

Élise TICHON, Les heures sereines.

 

Repris dans Échos de Notre-Dame de France en 1913.

 

 

 

 

 

 

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