L’automne souffle...
L’automne souffle dans sa corne,
la forêt déborde d’arômes,
les fruits resplendissent.
Le silence tisse
ses gobelins de fils d’or sur le bois
où des chevreuils surgissent, étonnés,
et disparaissent, légers,
dans les fougères et les framboisiers...
La beauté rêve d’arbre en arbre,
et cependant la beauté va passer,
car la beauté n’est qu’un rêve adorable,
mais Vous êtes l’Éternité !
Soyez béni,
ô Vous qui bénissez
ma tristesse comme les fruits.
Un triangle d’oies fend les airs,
et voici qu’arrive l’hiver.
Je Vous entends soupirer dans mon cœur
et dans les joncs jaseurs.
Je suis prêt, ô Seigneur !
Félix TIMMERMANS, Adagio.
Recueilli dans Anthologie de la poésie
néerlandaise de Belgique (1830-1966),
choix de textes et traduction
par Maurice Carême,
Éditions Aubier-Montaigne, 1967.