Ô toi, mon âme prophétique !
Ô toi, mon âme prophétique !
Ô toi, mon cœur plein de tourments,
Comme tu bats quand tu pressens
Ton essence dissymétrique !
Oui, tu vis dans deux univers.
Ton jour est passion et souffrance,
Ton sommeil – trouble clairvoyance,
Par où l’esprit t’est découvert.
Que les passions portent leurs flammes
Dans la poitrine endolorie :
Aux pieds du Christ, comme Marie,
Pour toujours se blottira l’âme.
1855.
Fiodor TIOUTTCHEV, Poésies, L’Âge d’Homme, 1987.
Traduites du russe par Paul Garde.