Seigneur, daigne accorder ta grâce
Seigneur, daigne accorder ta grâce
À celui qui, comme un mendiant,
Sur la route de la vie passe,
Et poursuit son chemin sur le pavé brûlant.
Il regarde au-delà des grilles
Les grands arbres, le val ombreux,
Et l’inaccessible charmille,
Et le vert des prés somptueux.
Ce n’est pas pour lui que verdissent
Les tonnelles, les arbrisseaux.
Ce n’est pas pour lui que jaillissent
En l’air les nuées du jet d’eau.
L’ombre profonde de la grotte
L’attire en vain, en le narguant.
Le jet d’eau gazouille et chuchote
Sans rafraîchir son front brûlant.
Seigneur, daigne accorder ta grâce
À celui qui, comme un mendiant,
Sur la route de la vie passe,
Et poursuit son chemin sur le pavé brûlant.
Juillet 1850.
Fiodor TIOUTTCHEV, Poésies, L’Âge d’Homme, 1987.
Traduites du russe par Paul Garde.