De la méditation de la croix
Ô toi, mon âme, bénie
Par le très haut Créateur,
Regarde ici ton Seigneur,
Qui en croix cloué t’attend !
Regarde les pieds troués,
Et cloués d’une cheville,
Si durement tourmentés
Par tous les coups de marteau,
Souviens-toi qu’Il était beau
Plus qu’aucune créature
Et que dans sa chair très pure
Était plus que perfection.
Regarde bien cette plaie
Qu’il a dans le côté droit,
Vois couler le sang qui paie
Pour chacun de tes délits.
Pense que fut affligé
Par une lance cruelle
Et que pour chaque fidèle
Le fer traversa son cœur.
Puis regarde ces deux mains,
Qui t’ont fait et modelé
Et vois comme tous ces chiens
De Juifs les lui ont clouées.
Alors avec plainte amère
Crie Lui : Seigneur, combien vite
Pour moi courus à la croix,
Pour y mourir en grand hâte !
Or regarde le Saint chef,
Qui était si délicieux,
Vois comme est tout perforé
D’épines et tout sanglant.
Âme, c’est Lui ton époux,
Pourquoi donc ne pleures pas,
Tant qu’avec ces pleurs tu laves
Toutes tes fautes infectes ?
Oh ! Regarde cette face,
Qui était si lumineuse,
Vois-la pleine de crachats
Et de rigoles de sang.
Pense, mon âme dolente,
Que Lui, qui est ton Seigneur,
S’est fait tuer par amour,
Rien que pour te donner vie !
Vois-Le tout criblé de plaies
Pour toi dessus le dur bois ;
En payant tous tes péchés,
Mourut le Seigneur bénin,
Pour te mener à son règne
Voulut être crucifié,
Âme, fixe ton regard
Sur Lui, en Lui te délecte !
Jacopone da TODI.
Traduit de l’ombrien par Pierre Barbet.