Le « Stabat »
Debout se tenait la mère douloureuse, auprès de la croix, toute en larmes, tandis que son Fils y pendait.
Son âme gémissante, contristée et dolente, fut percée d’un glaive.
Ô que triste et affligée fut cette Mère bénie d’un Fils unique.
Elle gémissait et souffrait, la tendre Mère, à la vue des peines de son glorieux Fils.
Quel est l’homme qui ne pleurerait, s’il voyait la Mère du Christ dans un tel supplice ?
Qui pourrait n’être pas contristé en contemplant cette Mère, souffrant avec son Fils ?
Pour les péchés de son peuple, elle vit Jésus dans les tourments et soumis aux fouets.
Elle vit son doux entant mourant, délaissé jusqu’à ce qu’il eût rendu l’âme.
Tendre Mère, source d’amour, faites-moi sentir la violence de votre douleur, afin que je pleure avec vous.
Faites que mon cœur brûle en aimant le Christ Dieu, afin de lui complaire.
Sainte Mère, faites cela : les plaies du Crucifié fixez-les fortement dans mon cœur.
Votre Fils déchiré a daigné tant souffrir pour moi donnez-moi part à ses peines.
Faites-moi pieusement pleurer avec vous, souffrir avec le Crucifié tant que je vivrai.
Auprès de la croix, pleurer avec vous, et m’associer à vous dans la lamentation : Voilà ce que je désire !
Ô Vierge, illustre entre les vierges, pour moi ne soyez pas amère : faites qu’avec vous je pleure.
Faites-moi porter la mort du Christ, faites-moi partager sa passion, et que je me représente sans cesse ses plaies.
Faites que ses plaies soient comme des blessures en moi, faites que je m’enivre de la croix et du sang de votre Fils.
Afin que je ne brûle pas des flammes, par vous, Vierge, que je sois défendu au jour du Jugement !
Christ, quand il faudra sortir de ce monde, accordez-moi d’arriver par votre Mère à la palme de la victoire !
Quand mon corps mourra, faites qu’à mon âme soit donnée la gloire du Paradis !
Jacopone da TODI.
Recueilli dans Les plus beaux textes sur la Vierge Marie,
présentés par le Père Pie Régamey,
La Colombe, 1946.