Chanson de mai

 

 

Car voici de la joie sereine

en les tendres pousses des arbres

et parmi les brebis, les béliers et les chèvres

que mène en gai troupeau le pâtre

aux accords de sa flûte, par la plaine,

chantons les mystérieuses lèvres

où le printemps épanche sa rosée

et la simple voix de sa lyre ?

Toi dont la hanche est légère,

qui suis mon chant, pas à pas,

dans la lumière et les ténèbres,

apprends la vie et que l’espoir

se cueille sur toutes les plantes

et se boit aux sources des sentes ;

or ta main sait cueillir la rose

et te servir d’écuelle pour boire

l’eau de la terre ou du ciel.

L’espoir est un beau matin qui descend

et se pose en riant sur les choses,

c’est un rire, c’est un sourire éclatant,

selon le haut caprice de l’heure qui passe,

c’est ta bouche pâle baisée de soleil,

c’est ta main doucement posée

en le geste clair du baiser d’épousée

que tu jettes vers mes départs

en la vie profonde, loin de tes yeux qu’effarent

les clartés, les ombres et les soirs ;

c’est un jour blond où l’on songe

au lendemain que l’on appelle,

c’est ton regard et ton cœur en joie,

ta chair légère et ton heure

lumineuse et frêle d’ici bas ;

c’est un doux mai de joie nouvelle.

Mai ! mai ! Son antique fraîcheur

ses fleurs, ses nids et ses oiseaux chanteurs...

ses soleils, ses enfants et ses filles...

ses tendres champs et ses prairies

où Dieu ruisselle et chante Amour !

 

 

Arthur TOISOUL.

 

Recueilli dans À la gloire de la Belgique,

anthologie de la littérature belge, 1915.

 

 

 

 

 

 

 

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