Pierrot, le petit pêcheur
Sur sa barque légère,
Pour remplacer son père.
Mon fils s’en est allé ;
Et, depuis, sur la grève,
Sans un moment de trêve
La lame a déferlé,
Pierrot, reviens, mon pauvre enfant,
Ta mère veille en t’attendant !
Ce ciel gris sur ma tète
Annonce la tempête,
La mer mugit là-bas ;
Enfant ! pour votre frère
Faisons une prière ;
Ne reviendra-t-il pas ?
Pierrot, reviens, mon cher enfant,
Ta mère prie en t’attendant !
L’horizon est plus sombre,
L’éclair brille dans l’ombre,
Et la foudre a grondé ;
À ces flots en furie
La pauvre mère crie :
Me l’avez-vous gardé ?
Pierrot, reviens, mon cher entant,
Ta mère pleure en t’attendant !
Mais sur la mer immense
Une barque s’avance,
Car l’orage est fini.
C’est lui, c’est votre frère !
À la voix de sa mère
Il dit : Dieu soit béni !
Pierrot revient : à ton enfant
Mère ! ouvre tes bras, maintenant.
1865.
Adèle TOUSSAINT,
Épaves, sourires et larmes, 1870.