La veille de Noël

 

 

À MAURICE.

 

 

Petite maman mignonne,

Sais-tu, toi, pourquoi ma bonne

Dit : « Ne va pas oublier

        » De mettre ton soulier

        » Dans l’âtre éteint, sur la cendre,

        » Car Noël y va descendre ! »

Est-ce vrai ? mère, dis-moi

(Je ne crois jamais que toi),

Qu’il apporte aux enfants sages

Des bonbons et des images ?

Noël est-il vieux, méchant ?

Réponds vite à ton enfant.

 

Cher petit, reprit la mère,

Noël est une chimère

Qui n’a jamais existé :

Les mamans l’ont inventé,

Noël, c’est (date adorable),

Le jour où, dans une étable

L’enfant Jésus nous est né ;

Tu m’écoutes étonné,

Ne connais-tu pas encore

Ce doux Jésus qu’on implore ?

C’est l’enfant qui te sourit

À la tête de ton lit.

Fais-lui vite une prière,

Promets-lui d’aimer ta mère

Et d’être docile et bon ;

Alors, au lieu d’un bonbon,

L’enfant Jésus, qui t’écoute,

Ce soir t’enverra sans doute

Des rêves doux et charmants,

Pleins de papillons brillants,

De joujoux, d’oiseaux, de roses,

Enfin des plus belles choses !

 

 

 

Adèle TOUSSAINT,

Épaves, sourires et larmes, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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