La prière de Germaine
Visitez-moi, Seigneur, dans la bonne souffrance,
Puisque je dois souffrir avant d’aller à vous ;
J’ai placé dans la Croix mon unique espérance,
Et j’ai souvent crié vers vous : « Mon Dieu, mon Tout ! »
Vous m’avez secourue, et vous m’avez gardée,
Quand la douleur brûlait le secret de ma chair :
Vous avez dissipé mon angoisse attardée,
Et je n’ai désiré que votre soleil clair.
Protégez-moi, Seigneur : faites que je sois forte
Contre tant de liens qui me semblèrent doux ;
Accordez qu’ils me soient comme des choses mortes,
Et ne réveillez pas contre eux votre courroux.
J’ai voulu vous offrir une âme toute pure :
C’est vous, Seigneur, qui jugerez ce qu’elle a fait ;
Vous seul pouvez laver les humaines souillures,
Et rien sur terre, hélas, ne peut être parfait.
Que votre volonté soit faite, et non la mienne,
Car la vie est étrange et pleine de sanglots ;
Faites que loin de vous nul être me retienne,
Au moment où mon âme atteindra son repos.
Je me confie à vous comme au meilleur des pères,
Vous donnant ceux que j’aime, et qui m’aiment toujours ;
C’est en vous que j’ai foi, c’est en vous que j’espère :
Ne me refusez pas votre divin amour.
Jules TREMBLAY.
Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.