Idéal
À Mademoiselle Marie C.
Quand je rêve, le soir, les paupières mi-closes,
Je me plais à songer que l’ange Gabriel
Et tous les chérubins aux fines ailes roses
Ont souffert ici-bas avant d’aimer au ciel.
Oui, l’amour est divin ; c’est l’union des âmes
Qui sur la terre ingrate ont besoin de s’aider,
Car le rêve candide et les désirs infâmes
Se disputent nos cœurs à qui les va guider.
La mort surprend souvent cette lutte incessante ;
Elle ramène à Dieu la jeune âme innocente
Que la crainte du mal retenait en éveil ;
Et le cher séraphin franchit vite l’espace :
Auprès du divin Maître il va prendre sa place,
Quand il s’endort, ici, de son dernier sommeil.
André TRUBERT.
Paru dans L’Année des poètes en 1891.