Entre la mort et la folie

 

 

Moi, si Dieu me laissait choisir entre le deux,

S’Il devait m’envoyer quelque terrible peine

Et qu’à mon gré l’une ou l’autre deviendrait mienne,

Jamais un être humain ne serait plus heureux.

 

Sans qu’on nous dise fou, on l’est toujours un peu

Quand on rêve éveillé pendant une huitaine,

Rien qu’à chercher le bout d’une stance lointaine

Qui demeure en suspens sur le rebord des cieux.

 

Alors, j’appellerais une chose très douce

Qui palpite sur nous comme un vent sur la mousse :

La mort qui nous ravit et qui ne nous rend plus.

 

Et j’aurais cet espoir, en m’en allant très vite,

Que chaque strophe d’or ne serait pas détruite,

Car je ferais des vers pour le chœur des élus.

 

 

 

Adalbert TRUDEL, Sous la faucille,

Imprimerie Ernest Tremblay, 1931.

 

 

 

 

 

 

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