Vanité

 

 

Tout ici-bas est ombre vaine,

Songe trompeur et fol espoir ;

Chaque jour apporte sa peine ;

Toute fleur tombe avant le soir.

 

Le plus beau jour a son nuage ;

Le matin le plus radieux

Est suivi d’un soir plein d’orage,

Et d’un lendemain ténébreux.

 

L’amitié naît, puis souvent passe

Ainsi qu’une frêle vapeur ;

Sur tout amour est la menace :

Tout chant de joie a sa douleur.

 

L’espérance est un vain mirage

Dont l’avenir est recouvert,

Qui nous promet un peu d’ombrage

Et ne nous donne qu’un désert.

 

Le savoir a son amertume

Et le doute, ce ver rongeur ;

Autour des heureux l’encens fume

Jusqu’à l’heure où vient le malheur.

 

Tout soleil a ses taches d’ombre ;

Sous chaque trône est un tombeau ;

Après la fête, l’heure est sombre,

Et le cœur vide de nouveau.

 

Autour de nous tout meurt ou change ;

L’hiver glace les fleurs d’été ;

Du plus heureux le sort se venge ;

Tout, en ce monde, est vanité.

 

Puisque ici-bas rien ne demeure,

Qu’aucun calice n’est sans fiel,

Tournons nos yeux vers la demeure

Que Jésus nous prépare au ciel.

 

 

 

S. TZAUT.

 

Recueilli dans Les poètes vaudois

contemporains, par A. Vulliet, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

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