Chanson d’un pauvre
Je suis un pauvre homme, et vais tout seul par les chemins. Plût à Dieu que je fusse encore une fois franchement de joyeuse humeur !
Dans la maison de mes bons parents, j'étais un gai compère; les soucis amers sont devenus mon partage depuis qu'on les a portés en terre.
Je vois fleurir le jardin des riches, je vois la moisson dorée. Mon sentier, à moi, est stérile; c'est celui où l'inquiétude et la peine ont passé.
Je traverse en rongeant mon mal la troupe joyeuse des hommes; je souhaite à chacun le bonjour de toute l'ardeur de mon âme.
Ô Dieu tout-puissant ! tu ne m'as pas cependant laissé tout à fait sans joie ; une douce consolation se répand pour tous du firmament sur la terre.
Dans chaque petit bourg, ton église sainte s'élève ; tes orgues et des chants des chœurs retentissent pour chaque oreille.
Puis le soleil, la lune et les étoiles m'éclairent avec tant d'amour ! Et quand tinte la cloche du soir, alors, Seigneur, je cause avec toi.
Un jour, pour tous les bons, s'ouvrira la vaste salle de béatitude ; alors je viendrai en habit de fête m'asseoir au festin.
Ludwig UHLAND.