Ô Fiancé !

 

 

Je vous adore, ô fiancé des bienheureuses.

C’est vous que j’ai voulu, c’est vous qui me fuyiez

Déjà, quand jeune et vive, au soupir des yeuses,

J’entendais les oiseaux assourdir les halliers.

 

Ouvrant mes bras brûlants sur l’air plein de promesses

Je vous voyais, éphèbe triste aux graves yeux.

Mais la Vie était là, farouche chasseresse,

Qui me disait : « Viens-t’en, nous irons vers les dieux. »

 

En vain à ton manteau bleu comme l’étang triste

Je suspendais mes mains qui frissonnaient de toi :

J’étais celle que nul ne retient et n’assiste,

Seule comme un parfum égaré sur le toit.

 

Et j’entendais danser la chasseresse étrange...

Les flèches de son arc s’enfonçaient dans mon sang.

Ô fiancé des bienheureuses, toi que l’ange

Ose à peine nommer, et qu’on voit et qu’on sent

 

Dans toute volupté mettre, un brûlant reproche,

Que ne m’avez-vous prise aux jours blancs où j’étais

Pure comme sur l’onde un long frisson de cloche ?

Et que ne fûtes-vous mon ivresse et ma paix ?

 

Ah, si vous m’aviez prise, ô fils de la colombe,

Ah, si j’avais par vous goûté vinaigre et fiel,

J’aurais, entre vos bras, dormi dans votre tombe

Et j’aurais près de vous souri dans votre ciel.

 

 

 

Hélène VACARESCO.

 

 

 

 

 

 

 

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