L’adieu du soleil

 

 

L’astre aux mille foyers s’incline à l’horizon.

Tel un regard de feu qui brille en son mystère

Il glisse lentement sur le flanc de la terre,

À travers ses cils d’or, a mûri la moisson.

 

Cette prunelle ardente a contemplé les monts

Et, dans la paix du soir, les Laurentides fières

Élèvent vers l’azur leurs cèdres en prière,

Quand, sur la grève au loin, sèchent les goémons.

 

Déjà l’œil s’est éteint : la nuit tisse ses voiles,

Dont l’avers cueillera quelques grappes d’étoiles,

Pendant que l’Angelus transmet au divin seuil

 

Ses appels de pardon pour l’âme et pour les choses.

Prions : voici la nuit en ses voiles de deuil,

Prions en attendant « l’aurore aux doigts de roses »...

 

 

 

Emma VAILLANCOURT, De l’aube au couchant, 1950.

 

 

 

 

 

 

 

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