Allons !!!...

 

 

Afin de reposer nos esprits du labeur,

D’étancher ton front las que perle la sueur,

Sous le tendre baiser et l’étreinte si douce

De la blonde campagne où le foin jase et pousse,

 

Allons, quittons la ville, et ses humains remous,

Allons où le Repos chante un hymne si doux,

Emmenons-y ma Muse, allons vivre un poème

Et, nimbés de lumière, y redire : « Je t’aime !... »

 

Vite ! allons-y flairer et voir flamber juillet,

Nager dans ses rayons, sa verdeur, son millet,

Jusque dans l’ombre y voir des aurores cachées

Et des loques d’azur à nos flancs attachées !

 

Allons paître le Rêve en cueillant l’Idéal,

Ouïr chanter les bois et palpiter le val,

Allons où le Silence étreint la Solitude

Et verse sur les fronts ses flots de quiétude,

 

Où l’on voit de plus près et comme se mouvoir

L’âme de nos aïeux et celle du Terroir,

Où l’on frôle son peuple en des habits rustiques,

Flairant bon le Normand, les coutumes antiques,

 

Où le ciel fait mirage et s’incline plus bas,

En mêlant de sa gloire aux terrestres appas,

Où l’on voit et l’on sent par les prés, la colline,

Le visage de Dieu, son haleine divine !

 

Allons !... puis revenant au gigantesque roc,

Où, du sublime Hébert, grinça, jadis le soc,

Ma Muse portera dans quelque « Tour de Pierre »,

Comme un Memorare, ce bouquet littéraire,

Simples fleurs du Pays, reliques de lumière...

 

 

 

Emma VAILLANCOURT.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.