Il va neiger
Le Temps verse l’éther sur l’Automne à foison.
L’espace s’en veloute et le ciel lourd et sombre
Semble s’unir au sol ; l’ombre se mêle à l’ombre,
Enveloppe le jour de sa noire toison.
Le Rêve et le Silence étreignent l’horizon,
La Tristesse s’incarne ennui cette pénombre :
Diurne, étrange nuit, du firmament qui sombre,
Mirage, bleuité, fluide flottaison.
D’où vient qu’en cet éther que nul autan ne glane,
L’Automne, cœur du Temps, filtre ainsi sa douleur ?...
C’est que ton âme, ô neige, en ses nuages, plane !...
De même, en notre exil, il est une blancheur,
Assombrissant l’azur de nos cœurs faits pour elle :
C’est la blanche Clarté de l’Aurore éternelle !...
Emma VAILLANCOURT.
Quinze ans de poésie française à travers le monde,
Anthologie internationale,
textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,
France Universelle, 1927.