Ô mai !

 

 

Ô mai de brume qui t’enguirlandes de givre,

Ô mai, fils de novembre, au nuage transis,

Quel soleil prendras-tu pour les faire revivre

Ces fleurs, ces champs, ces bois, que tu brodais jadis !...

 

Où sont-ils, ces rayons que tu versais naguère ?...

Quel Vandale du Temps décime leurs foyers ?...

Quels autans furieux éteignent leur lumière,

Font râler ton haleine et grincer tes glaciers ?...

 

Où sont-ils, ces rayons ?... Ils sont si beaux encore,

Quand, sombrant éperdus, veloutés de soleil

Et, d’aube, tout trempés, ils submergent d’aurore

Les foyers et les cœurs, attendant le Réveil,

 

Quand, univers de flamme, ils errent nostalgiques,

Entre quatre aquilons ou deux soirs pluvieux,

Quand ils versent les flots de leurs charges lyriques

Aux poètes émus qui songent soucieux :

 

« Ces rayons dureront comme les éphémères :

« Ils brillent aujourd’hui pour s’éteindre demain ;

« Les printemps sont ailés où vont les primevères,

« La chanson du ruisseau, la pourpre du matin !

 

« Les printemps ne sont plus les printemps que l’on pleurer !...

« Préféreraient ils l’Ombre et le Froid au Rayon,

« Comme notre siècle où la Lumière est un leurre,

« Où le Sage est le Sot, l’Aigle, le papillon ?...»

 

Et le poète pleure et chaque voix s’écrie :

« Douce Vierge de Mai, Dieu des fleurs et des bois,

« Rendez à nos printemps leur vibrante féerie,

« Comme au temps de Ronsard, comme au temps d’autrefois !!! »

 

 

 

Emma VAILLANCOURT.

 

 

 

 

 

 

 

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