La première communion

 

 

Beau jour entre les jours ! son souvenir me reste

Comme un fidèle ami dont rien n’a séparé ;

Il m’apparaît toujours transparent, azuré,

Comme un temple le soir, une vapeur céleste

        Sur le tabernacle sacré.

 

C’était l’hiver ; la neige au loin couvrait la terre,

Le soleil se levait mélancolique et doux ;

Les cloîtres, le jardin, la tour du monastère.

Paraissaient tout blancs comme nous.

 

Et le vieux chapelain, en chasuble de moire,

Vers la grille du chœur s’avançait à pas lents ;

Dans sa main qui tremblait élevant le ciboire,

Il nous dit : « Venez, mes enfants !

 

Venez ! c’est le Jésus, dont la bonté facile

Ne repoussa jamais les pécheurs convertis ;

Le bon Sauveur Jésus, qui dans son Évangile

        A promis le ciel aux petits.

 

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Oui, toutes approchez ! ayez bonne espérance !

À l’aspect de son père un enfant ne craint pas...

Oh venez ! le Seigneur aime tant l’innocence !

Avec amour aussi jetez-vous dans ses bras »

 

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Je retourne souvent à la sainte chapelle.

Le cœur me bat bien fort dès que je l’aperçois ;

Mais du vieux aumônier je n’entends plus la voix.

Là point de mère, oh non ! point d’ange qui m’appelle ;

Rien que le souvenir du plus beau de mes jours,

Et mes pleurs d’autrefois que j’y trouve toujours.

 

 

 

Eugénie VAILLANT.

 

Recueilli dans Femmes-poètes de la France,

anthologie par H. Blanvalet, 1856.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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