Le temps
La nuit emplit la Terre ; on n’entend nul ramage...
Staccatis sans retour, voix, pas ailé du Temps,
Le tic-tac de l’horloge en rythme les instants
Qui sombrent effarés dans « l’Océan des Âges »...
Tel un vaste rouleau, sans recul ni tapage,
Malgré le cri, l’émoi de nos cœurs palpitants ;
Le Temps écrase tout : les choses et les gens,
Les rêves et l’amour sur son cruel passage...
Il fuit, et nos cheveux se hâtent de blanchir ;
Il fuit, malgré nos pleurs, notre effroi de vieillir,
Il fuit, et l’on s’écrie : « Ohé ! le Temps, arrête ! »
Mais non ! Il va toujours avec vélocité,
Attiré par l’Aimant qui met son vol en fête ;
Il fuit vers le Très-Haut, la blanche éternité !
Emma VAILLANCOURT, De l’aube au couchant, 1950.