Seguidilla
Mon divin amant,
Derrière ce voile
Bien que vous vous cachiez
Je vous vois et vous reconnais.
Comment vous absentez-vous ?
– Quoiqu’il te paraisse,
Âme, que je m’en vais,
Je reste avec toi.
Parfois de tes portes
Je semble m’absenter,
Et je reste pour voir
Ce que j’ai en toi.
De te voir pleurer
Ah ! que je suis joyeux !
Assieds-toi à ma table
Et mangeons ensemble,
Et pendant que nous mangerons
Mon zèle va te chanter :
« Soit la bienvenue
La fleur de Mai,
Soit la bienvenue
La plus jolie fleur !
Soit la bienvenue
La plus jolie fleur,
Celle qui est si belle,
La plus jolie fleur ;
La belle brune,
La plus jolie fleur,
Brune gracieuse,
La plus jolie fleur ;
C’est Dieu qui la nourrit.
Soit la bienvenue
La fleur de Mai,
Soit la bienvenue
La plus jolie fleur !
Vienne du désert
La plus jolie fleur,
Pleine de richesses,
La plus jolie fleur,
Au Dieu qui, caché,
(La plus jolie fleur)
L’attend pour la cène,
La plus jolie fleur ;
Il la ravit en extase,
La plus jolie fleur,
Par cette bouchée.
Soit la bienvenue
La fleur de Mai,
Soit la bienvenue
La plus jolie fleur ! »
– Puisque je vous ai trouvé
Et que je vous ai dans mon cœur
Je me vous quitte plus
Que je n’entre dans le vôtre.
– Vous êtes mon ciel.
– Et mon ciel c’est vous.
– Vous êtes mon centre.
– Mon centre c’est vous.
– Ah ! Dieu, combien je vous aime !
– Âme, combien je vous chéris !
– En vous je me transforme.
– Et moi en vous je reste.
– Prenez mes embrassements.
– Donnez-moi les vôtres.
– Ah ! doux Jésus !
– Ah ! Dieu, je meurs !
Aimé de mon âme,
Ceignez-moi de fleurs,
Car, d’amour malade,
Je meurs d’amour.
Quand je considère,
Doux énamouré,
Qu’en une seule bouchée
Vous me donnez tout ce que je veux,
Je meurs d’amour ;
Ceignez-moi de fleurs,
Car, d’amour malade,
Je meurs d’amour.
VALDIVIELSO.
Traduit de l’espagnol par Marius André.
Paru dans Le Spectateur catholique en octobre 1897.