Poèmes de guerre
Les canons se sont tus sur la terre de France.
Après de durs combats le calme est revenu
Déversant dans notre âme un charme bienvenu
Qui sème au cœur de tous le germe d’Espérance.
Tout s’agite et revit. En un bruit de ferraille,
Le son du lourd marteau remplace la mitraille.
Pourtant il est, là-bas, loin des êtres aimés,
Des hommes, des soldats, des captifs, bien des nôtres
Qui ont besoin de soins et réclament les vôtres
Pour raffermir – enfin ! – leurs muscles déprimés.
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Prisonnier du Stalag, de la Grande Épopée
Exhalant la détresse en termes résolus,
Dis-toi que tes appels ne sont pas superflus
Qui composent, touchants, ta triste mélopée...
Nous savons tous ici qu’en des heures tragiques
Tes frères de combat surent être énergiques.
Il est, pour nous civils, un imposant devoir
Dicté par ton sublime et complet sacrifice,
Consommé pleinement, sans l’ombre d’artifice,
Digne de nous séduire et de nous émouvoir.
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L’uniforme de boue, de sang et d’héroïsme
Que magnifiquement notre Poilu porta
En gravissant – sublime – un nouveau Golgotha,
Doit chasser de nos cœurs le lucre et l’égoïsme,
Pour ces humbles Martyrs ouvrez votre escarcelle.
Pour eux donnez... jusqu’à la dernière parcelle.
Et bientôt libérés, tous ces nobles Français,
De retour au pays, par une aube blanchâtre,
Retrouvant, tout heureux, leur place au coin de l’âtre,
Béniront votre nom en attendant la Paix !
E. VALENTIN-SOLMY.
Recueilli dans Le blason des poètes, Anthologie
du Syndicat des Journalistes et Écrivains,
établie par Maurice Delorme,
Éditions de la Revue moderne, 1965.