Elle parle
Ô mon enfant, pourquoi ces pleurs, cette épouvante
De me chercher parmi les morts ? Je suis vivante,
Et quand tu te crois seul, je te serre en mes bras !
Ouvre ton âme et non tes yeux, et tu verras
Apparaître l’éclat joyeux de ma couronne !
Ne dis pas que tu ne m’as plus ; je t’environne
Et tu n’as qu’à presser ton cœur pour que j’accoure.
La chair n’est rien, les jours de la terre sont courts
Et ne valent qu’autant qu’on les vit loin du monde.
Le don de soi, mon fils, est la chose profonde,
Et c’est déjà voir Dieu que d’aimer la douleur ;
Souffrir est sain et rend à l’âme son ampleur.
Le temps n’est qu’un néant, puisqu’une heure l’efface.
Souffre, mon fils, afin de voir Dieu face à face.
Robert VALLERY-RADOT,
L'Eau du Puits: In Memoriam.