La présence

 

 

Comme il est doux de vivre en vous, mon Bien-Aimé !

Mon cœur à se le dire en est tout embaumé !

Ô mon amour, je vous retrouve avec délice

Dans le fruit mûr, la fleur éclose, l’azur lisse ;

Vous remuez l’ombre des feuilles ! Cher émoi,

De vous sentir toujours présent autour de moi !

Aussitôt qu’un désir me naît, je vous consulte ;

Comme un enfant je tiens votre main et j’exulte

De voir, de respirer, d’entendre, et de songer

Combien ma tâche est claire et mon fardeau léger !

Je vais ; si je rencontre un pauvre, je lui donne ;

Si mon frère m’a fait du mal, je lui pardonne ;

Puis je chante que je vous aime infiniment

Et qu’on ne peut être joyeux qu’en vous aimant,

Que vous êtes le feu secret de mes pensées

Et la candeur qui luit aux yeux des fiancées.

Je marche ; l’aubépine embaume le chemin

Et je serre de plus en plus fort votre main ;

Toutes les nuits nous retrouvons la même auberge ;

Oh ! qu’on est bien lorsque c’est Dieu qui vous héberge !

Avidement je me nourris du pain des forts

Et, pareil à saint Jean, contre vous je m’endors...

Alors vous me parlez de l’amour et j’écoute :

Vous me dites le bon Pasteur, la bonne route,

L’entier oubli de soi, le figuier réprouvé,

Le royaume semblable au grain de sénevé,

La lampe de la vierge sage, la prière,

Le calice, la source vive, la lumière,

L’aurore qui blanchit, les blés qui vont germer...

Oh ! qu’il est doux de vivre en vous, mon Bien-Aimé !

 

 

 

Robert VALLERY-RADOT,

L’Eau du Puits : In Memoriam.

 

 

 

 

 

 

 

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