Sur ses yeux
Que j’aime tes yeux où s’endort
Une chaude langueur voilée,
Tes yeux d’ombre où brûle de l’or,
Pareils à des nuits étoilées !
Embrasant d’eux tout l’univers,
Ils sont ma clarté coutumière ;
Je ne vois le ciel qu’à travers
Leur ardente et douce lumière.
Tantôt graves, tantôt rieurs,
Et baignés de tendresse humaine,
Dans mon royaume intérieur
Ils forment mon plus cher domaine ;
Ils me sont les miroirs sacrés
Où, m’allégeant de mes faiblesses,
Je m’apparais transfiguré,
Divin de force et de noblesse !
Je me plais à me perdre en eux
Comme en une forêt profonde
Au silence prodigieux,
Tout près de Dieu et loin du monde ;
Forêt où l’infini s’étend,
Et qui me fait songer à celle
Où vinrent Ysolde et Tristan
S’unir d’une étreinte éternelle !
Forêt d’ivre félicité
Où je me confonds en toi-même,
Où je meurs d’entendre monter
Le chant de ton âme qui m’aime...
Robert VALLERY-RADOT,
Les Grains de Myrrhe.