Mater Dolorosa

 

 

La Mère, au Golgotha, gisante, étreint la croix,

Baisant de son Enfant les pieds froids qu’elle adore.

Les fouets qui le cinglaient la flagellent encore ;

Du gibet qu’il traînait elle a senti le poids.

 

Elle a, près du Martyr, vécu son agonie,

Saigné du coup de lance et des clous, bu le fiel ;

Et quand, d’un dernier souffle, il cria vers le ciel,

Les deux cœurs ont mêlé leur détresse infinie.

 

Ô Dieu, tandis qu’alors ta foudre t’échappait,

Que la Mort, dans ton Christ, toi-même te frappait,

Et remportait sur toi sa victoire éphémère,

 

Peux-tu dire ce qui, dans le plateau sauveur,

Versant double rançon, contint plus de douleur :

Est-ce le sang du Fils ou les pleurs de sa Mère ?

 

 

 

Émile VAN ARENBERGH, Les médailles, 1921.

 

Recueilli dans La vie de Jésus racontée par les poètes,

par Jacques Charpentreau, DDB, 1982.

 

 

 

 

 

 

 

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